l’excellente intervention de l’honorable Diallo Touré Aïssata à l’interpellation du Gouvernement sur la situation d’insécurité au centre du Mali. L’honorable Diallo Touré Aïssata est entre autres, laureate de Africain Lion Awrads ALA 2018 dans la catégorie PRIX DE L’ÉLUE, présente, engagée, déterminée
Mr le Président de l’Assemblée Nationale du Mali ;
Mr le Premier ministre,
Messieurs les membres du gouvernement,
Chers collègues honorables députés,
Mesdames et messieurs,
Hier c’était le Nord du Mali,
Aujourd’hui c’est le centre du Mali,
Et si on ne fait pas attention, demain ce sera ou sur le territoire National ?
Interrogations, incompréhension, intolérance, manque de communication ; intoxication, nous vous faisons économie du reste Mr le Premier Ministre.
Voilà aujourd’hui la recette de la problématique d’une crise dite du centre. Pourquoi cette escalade de violences ? A qui çà profite ? Quels sont les objectifs réels ? Pourquoi mettre les communautés dos à dos ? Nous devons tous nous interroger, nous sommes conscients que le gouvernement seul n’a pas la recette miracle. A ce niveau il faut reconnaître et saluer les différentes initiatives comme :
– La Visite du Président de la République son excellence Ibrahim Boubacar Keita dans la région de Mopti cercle de bankass,
véritable baume de soulagement pour la population durement éprouvée dans le cercle de Bankass après la tragédie que nous venons de connaître tous,
– Et vos différentes sorties à vous, Monsieur le Premier Ministre et certains membres de votre gouvernement, preuves, si besoin en est encore, du souci que vous avez de la paix dans les régions du centre du pays.
Monsieur le Premier ministre,
Nos enfants sont privés d’écoles, dans le cercle de YOUWAROU sur les 58 écoles, 12 sont fonctionnelles, les 46 autres ont été saccagées et/ou brûlées sinon fermées sous le poids des menaces sur la vie des élèves et de leurs parents.
Nos sœurs sont privées de toutes formes de réjouissance lors des cérémonies traditionnelles et contraintes de porter le voile même en effectuant des tâches ménagères comme aller puiser de l’eau.
Nos frères sont privés de leur liberté élémentaire c’est-à-dire de circuler librement et vaquer à leurs activités socio-économiques et contraints eux aussi d’adopter la barbe et un style vestimentaire.
L’économie est étouffée dans la zone ; la cohésion sociale est effritée, la confiance a disparu, les champs prêts à être récolter sont brûlés, les bozos sont traumatisés parce que interdits de pêche dans certaines zones, les rares pistes sont truffées de mines.
Les populations vivent dans la psychose totale ; elles sont confinées dans les localités dans une atmosphère de suspicion extraordinaire.
Les voisins ne se font plus confiance, les frères et amis d’hier sont devenus les ennemis d’aujourd’hui.
Naturellement cette situation est entretenue par les bandits armés et autres criminels pour les règlements de compte entre individus, familles et communautés aggravant du coup la situation par la perpétration d’actes criminels ponctuels pour conduire vers l’implosion de nos communautés, nos sociétés.
Mr le Premier Ministre,
A titre de rappel, les députés du centre prennent des risques aussi pour se rendre dans leurs circonscriptions ; je veux évoquer ici les cas des honorables Abdrahamane Niang de Tenenkou et d’Elias Goro de Douentza ; juste pour signaler que les élus nationaux sont également victimes de cette situation.
Monsieur le Premier Ministre,
Que dire ? Que faire ? Qui accuser ?
Aben nondoh …. Nous sommes tous responsables…
Celui qui intervient pour faire libérer un suspect est responsable,
Celui qui se tait sans dénoncer une situation suspecte est responsable,
Celui qui ne sanctionne pas à la hauteur des actes commis est responsable,
Celui qui détient la bonne information et ne la partage pas est tout aussi responsable.
Mr le Premier Ministre,
Messieurs les membres du gouvernement,
Honorables députés, que chacun joue son rôle,
Que chacun fasse son travail,
Que chacun accomplisse sa mission en âme et conscience,
Que chacun redevienne humain tout simplement.
Loin de nous l’idée de nous ériger en donneurs de leçons mais nous pensons que c’est la seule issue possible ;
Avec l’écoute mutuelle, la compréhension, la tolérance,
Mais aussi la justice et l’équité pour que nous arrivons à calmer la situation.
Je vous remercie de votre attention.
Bamako, le 7 janvier 2019